Chapitre 6

 

Richard prit Cara par le menton et la força à lever la tête.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il en étudiant la coupure qui barrait la joue de sa garde du corps.

— Un homme a refusé mes avances, répondit la Mord-Sith avec un regard en coin pour la Mère Inquisitrice.

— Il n’a pas dû aimer ton uniforme rouge…

Richard lâcha Cara et se tourna vers Kahlan.

— Que se passe-t-il ici ? Le palais grouille de soldats si nerveux qu’ils ont vérifié mon identité avant de me laisser entrer. Des archers sont postés dans tous les escaliers, et je n’ai plus vu autant d’armes dégainées depuis l’attaque du Sang de la Déchirure. Enfin, qui avez-vous jeté dans les oubliettes ?

— Je vous avais dit qu’on ne pouvait rien lui cacher, souffla Cara à Kahlan.

Le plan original – ne pas parler de Marlin à Richard, afin qu’il ne s’expose pas – ne valait plus rien depuis que le tueur avait parlé de sa complice. Le Sourcier devait savoir qu’une Sœur de l’Obscurité rôdait en ville.

— Un assassin s’est introduit au palais, et tu étais sa cible. (L’Inquisitrice désigna Cara.) Notre magicienne malgré elle l’a poussé à utiliser son pouvoir contre elle, afin de le capturer. Par souci de sécurité, nous avons incarcéré ce type dans une oubliette.

— Magicienne malgré elle ? répéta Richard. Pas mal trouvé… Mais pourquoi l’as-tu laissée faire ?

— L’homme proclamait son désir de te tuer. Cara a voulu l’interroger à sa façon.

— Etait-ce vraiment nécessaire ? demanda le Sourcier à la Mord-Sith. Une armée entière me protège. Que pourrait un homme seul contre moi ?

— Il prévoyait aussi d’assassiner la Mère Inquisitrice.

— Dans ce cas, j’espère que tu ne lui as pas montré la face ensoleillée de ta personnalité…

— Ne vous inquiétez pas pour ça, seigneur Rahl…

— Richard, intervint Kahlan, c’est plus grave qu’il n’y paraît. L’homme est un sorcier venu du Palais des Prophètes. Il est arrivé en Aydindril avec une Sœur de l’Obscurité que nous n’avons pas encore capturée.

— Rien que ça ? Vraiment génial… Comment avez-vous découvert les intentions de ce type ?

— Crois-le ou non, mais il les criait sur tous les toits. Jagang l’a envoyé, dit-il, et ordonné de faire connaître ses buts dès qu’il serait dans le palais.

— Alors, comme l’empereur n’est pas idiot, son plan n’était sûrement pas que l’homme nous tue. Pourquoi la Sœur de l’Obscurité est-elle en ville ? Le prisonnier l’a-t-il dit ?

— Marlin semble l’ignorer, répondit Kahlan. Et après ce que Cara lui a fait, j’ai tendance à le croire.

— Comment se nomme cette sœur ?

— Marlin n’en sait rien.

— Ce n’est pas invraisemblable… A-t-il séjourné longtemps à Aydindril avant d’entrer au palais ?

— Je ne le lui ai pas demandé, avoua Kahlan. Mais je suppose qu’il était là depuis quelques jours.

— Pourquoi n’est-il pas venu directement ici ?

— Encore une fois, je ne sais pas…

— Il est resté longtemps avec la sœur ? Qu’ont-ils fait pendant qu’ils étaient en ville ?

— Richard, je n’ai pas pensé à lui poser ces questions.

— Puisqu’elle était avec lui, elle doit bien lui avoir dit quelque chose. Ou lui avoir donné des ordres. Car elle dirigeait sans doute les opérations.

— Richard…, implora Kahlan, honteuse de n’avoir pas pensé à ces questions.

— Marlin a-t-il vu quelqu’un d’autre pendant son séjour ? D’ailleurs, où est-il descendu ?

Ce n’était plus Richard qui interrogeait l’Inquisitrice, mais le Sourcier de Vérité. Sans qu’il ait élevé la voix, ou pris un ton menaçant, Kahlan sentit qu’elle s’empourprait.

— Je… n’ai pas… demandé, souffla-t-elle.

— Qu’ont-ils fait ensemble ? La sœur avait-elle emporté un objet ? En a-t-elle acheté ou récupéré un ? A-t-elle contacté quelqu’un qui pourrait être un autre membre de l’équipe ? Devaient-ils s’en prendre à d’autres cibles ?

— Je… je…, balbutia Kahlan.

Fidèle à son vieux tic, Richard se passa une main dans les cheveux.

— Personne ne demande à un tueur d’annoncer poliment ses intentions aux protecteurs de sa cible. À moins de vouloir que l’assassin se fasse traverser le corps par une multitude d’épées. Jagang avait peut-être chargé votre homme d’une autre mission, hors du palais, et jugé malin de l’offrir en pâture à nos soldats, afin de le sortir du jeu pendant que la sœur achevait le véritable travail… Une vie de plus ou de moins n’a aucune importance pour l’empereur, parce qu’il ne manque pas de serviteurs zélés…

Kahlan croisa les mains dans son dos et se les tordit nerveusement. Elle ne s’était jamais sentie aussi stupide. Et le regard irrité du Sourcier, sous son front plissé, ne l’aidait pas à reprendre confiance en elle.

— Richard, nous savions qu’une femme avait également demandé à te voir. Et personne ne connaissait Nadine, qui correspondait à la description de Marlin : jeune, séduisante, de longs cheveux châtains… Craignant qu’il s’agisse de notre ennemie, nous avons abandonné le prisonnier pour aller l’interroger. Aurions-nous dû laisser une Sœur de l’Obscurité en liberté dans le palais ? Nous poserons ces questions à Marlin plus tard. Il ne risque pas de partir…

Le regard du Sourcier s’adoucit.

— Vous avez bien agi, dit-il. Tu as raison, Kahlan, l’interrogatoire était moins urgent. Désolé, je n’aurais pas dû douter de toi… Mais à partir de maintenant, je m’occuperai de Marlin. (Il se tourna vers Cara.) Tu as compris ? Kahlan et toi ne devez plus aller le voir. Si un malheur arrivait…

Sans l’ombre d’une hésitation, la Mord-Sith aurait donné sa vie pour Richard s’il l’avait fallu. Mais elle semblait en avoir assez qu’on mette en doute ses compétences.

— Naguère, Denna promenait partout dans le Palais du Peuple un grand costaud qu’elle tenait au bout d’une laisse. Ce noble guerrier était-il dangereux pour les gens qu’ils croisaient ? Ou suffisait-il qu’elle tire un coup sec sur la longe pour que son petit chien obéisse ? A-t-il une seule fois tenté de s’échapper ?

L’homme en question était Richard…

Des éclairs crépitaient dans les yeux bleus de Cara, comme si un orage allait y éclater. Kahlan redouta que le Sourcier dégaine l’Épée de Vérité pour décapiter l’impudente. Mais il se contenta de la regarder, impassible, l’air d’attendre la suite.

L’Inquisitrice aurait été incapable de dire si les Mord-Sith redoutaient une mort violente… ou si elles l’imploraient en secret.

— Seigneur Rahl, je contrôle son pouvoir. Il ne peut rien arriver.

— Je n’en doute pas… Mais je refuse que Kahlan coure des risques, même minimes, quand ce n’est pas nécessaire. Si tu veux, nous interrogerons Marlin ensemble dès mon retour. Je te confierai ma vie les yeux fermés. Quand il s’agit de ma future épouse, c’est différent…

» Jagang a sous-estime les Mord-Sith parce qu’il ne connaît pas assez bien le Nouveau Monde. Une grosse erreur… N’en commettons pas une aussi énorme, d’accord ? Quand je reviendrai, nous tirerons cette affaire au clair.

Dans les yeux de Cara, la tempête s’était calmée, vaincue par la tranquille assurance de Richard. On eût dit que rien ne s’était produit, au point que Kahlan se demanda si elle avait bien entendu la cruelle tirade de la Mord-Sith.

Avait-elle rêvé ? Hélas, non…

L’Inquisitrice regretta amèrement de ne pas être allée au bout de l’affaire Marlin quand elle en avait eu l’occasion. Trop inquiète pour Richard, elle n’avait pas réfléchi assez loin. Ça aussi, c’était une grossière erreur. On ne devait jamais se laisser aveugler par ses angoisses, car c’était le meilleur moyen qu’elles se réalisent…

Richard lui glissa une main sur la nuque et lui embrassa le front.

— Je suis soulagé que tu sois indemne. Ta tendance à faire passer ma sécurité avant la tienne me terrorise. Tu ne recommenceras plus ?

Kahlan sourit… mais ne promit pas.

— Te voir quitter le palais m’inquiète, dit-elle, pressée de changer de sujet. Surtout quand une Sœur de l’Obscurité rôde dans les environs.

— Il ne m’arrivera rien…

— Richard, l’ambassadeur de Jara et les émissaires de Grennidon sont là. Ces royaumes disposent de solides armées. Il y a aussi des représentants de plus petits pays : Mardovia, l’Allonge de Pendisan et Togressa. Tous espéraient te rencontrer ce soir.

— Ils peuvent annoncer leur reddition devant toi. Dans cette guerre, on est avec nous ou contre nous. Pour prêter allégeance, ils n’ont pas besoin de me voir.

— Peut-être, mais tu es le seigneur Rahl, maître de D’Hara, C’est toi qui leur as plaqué le couteau sur la gorge, et ils pensent que tu seras présent.

— Dans ce cas, ils attendront demain soir. Kerson a raison : les hommes passent avant tout. S’ils restent longtemps hors d’état de se battre, nous aurons des ennuis. L’armée d’harane est le principal argument qui persuade les royaumes de se rendre. Faisons montre de faiblesse, et ils penseront pouvoir reprendre leur parole.

— Je ne veux pas être séparée de toi…, souffla Kahlan.

— Moi non plus, mais c’est important.

— Jure d’être prudent !

— C’est promis. Et tu sais qu’un sorcier tient toujours parole.

— Bien… Mais reviens vite !

— Compte sur moi. Quant à toi, n’approche pas de Marlin. (Le Sourcier se tourna vers ses autres compagnons,) Cara, Raina et toi resterez ici avec Egan. Ulic, je suis désolé de t’avoir rudoyé. Tu m’accompagneras pour me le faire regretter en me foudroyant du regard. Berdine, tu viendras aussi. Si je vous laissais toutes les trois ici, vous m’empoisonneriez la vie, à mon retour.

— Je suis la favorite du seigneur Rahl, minauda la Mord-Sith en regardant Nadine dans les yeux.

La jeune femme ne réagit pas, l’air perplexe, comme pendant la plus grande partie de la conversation. Enfin, elle se tourne vers Richard, croisa les bras et riva sur lui un regard peu amène.

— Tu vas aussi jouer les chefs avec moi ? Me dire que faire et où aller, comme à tous ces pauvres gens ? Et à un tas de royaumes ?

Le Sourcier n’explosa pas. On eût dit que tout ce qui venait de Nadine ne l’atteignait pas.

— Beaucoup de personnes luttent pour que l’Ordre Impérial n’envahisse pas les Contrées du Milieu, D’Hara et Terre d’Ouest, je les dirige parce que les circonstances m’ont propulsé au pouvoir. Je n’aime pas l’exercer, et je n’y prends aucun plaisir. Mais c’est ma mission.

» À mes ennemis, avérés ou potentiels, j’adresse des exigences. Mes alliés, eux, reçoivent des ordres. N’étant ni l’une ni l’autre, Nadine, tu peux faire ce qui te chante.

La visiteuse s’empourpra de nouveau.

Richard s’assura que l’Épée de Vérité glissait bien dans son fourreau.

— Berdine, Ulic, rendez-vous aux écuries, dans une heure. (Il prit la main de Kahlan et la tira vers la porte.) Je veux parler à la Mère Inquisitrice. En privé !

 

Ils remontèrent le couloir bondé de soldats d’harans et s’engagèrent dans un passage latéral désert.

Richard tira sa compagne dans un coin sombre et la poussa doucement contre un mur lambrissé de lattes de merisier patinées par le temps.

— Je ne voulais pas partir sans t’embrasser…

— Et tu préférais ne pas le faire devant une ancienne petite amie ?

— Tu es la femme que j’aime, et la seule que j’aie jamais aimée. (Richard mima un profond chagrin.) Tu imagines ce que je ressentirais si un de tes anciens amoureux réapparaissait ?

— Non, je n’imagine pas. Et pour cause !

Le jeune homme blêmit puis s’empourpra jusqu’aux oreilles.

— Désolé, j’ai parlé sans réfléchir…

Les Inquisitrices n’avaient pas d’amour de jeunesse.

Toute personne touchée par le pouvoir devenait un pantin animé par une seule obsession : plaire à celle qui s’était emparée de son esprit. Pour éviter de regrettables accidents, les femmes comme Kahlan devaient en permanence contenir leur magie. En général, c’était assez simple. Nées avec leur don, elles apprenaient à le contrôler en grandissant, comme on fait l’acquisition de la marche ou du langage.

Dans le feu de la passion – une expérience à laquelle rien ne pouvait préparer – aucune Inquisitrice n’était en mesure de maintenir cette emprise. Inéluctablement, au plus fort de son plaisir, elle détruisait l’esprit de son amant.

Même si elles désiraient qu’il en soit autrement, ces femmes n’avaient pas d’amis – à part leurs collègues – parce que les gens normaux les redoutaient. En particulier les hommes, qui s’en tenaient aussi loin que possible.

Oui, elles n’avaient pas d’amoureux…

Quand venait l’heure de choisir un compagnon, elles pensaient au père qu’il ferait, et aux qualités qu’il transmettrait à leur fille. L’amour n’entrait pas en ligne de compte, car l’élu était condamné à la destruction mentale. En l’absence de candidats à ce triste destin, les Inquisitrices volaient l’esprit de leur « promis » avant le mariage. Pour les hommes, celles qui étaient célibataires passaient à juste titre pour des prédatrices acharnées à leur perte.

Richard avait vaincu cette malédiction, et triomphé de la magie. Par amour, il avait neutralisé le pouvoir de Kahlan, devenue la seule Inquisitrice, à sa connaissance, qui ait pu être aimée d’un homme et l’aimer en retour. Et elle n’avait même jamais rêvé qu’un tel miracle soit possible.

Autour d’elle, on disait souvent qu’on avait un seul grand amour dans sa vie. En ce qui la concernait, plus qu’un charmant dicton, c’était la stricte et froide vérité.

L’essentiel restait qu’elle aimait Richard à la folie, et qu’il éprouvait la même chose pour elle. Un bonheur auquel elle avait parfois du mal à croire…

— Alors, tu n’as jamais pensé à Nadine ? demanda-t-elle enfin. Tu ne t’es jamais imaginé que…

— Non ! Kahlan, je la connais depuis que je suis haut comme trois pommes. Son père, Cecil Brighton, tient une herboristerie. À l’occasion, je lui rapportais des plantes rares. Quand une variété lui manquait, il me prévenait, et pendant mon travail de guide, je tentais de la trouver.

» Nadine a toujours voulu suivre les traces de son père et elle rêve de prendre un jour sa succession. Parfois, elle m’accompagnait pour apprendre à reconnaître les plantes.

— Elle te suivait seulement pour ça ?

— Eh bien, non… Il y avait un tout petit peu plus. Il m’arrivait de lui rendre visite chez ses parents, et de l’emmener avec moi, même quand son père ne m’avait pas passé de commande. L’été dernier, j’ai dansé avec elle pour la fête de la mi-été, avant de te rencontrer. Je l’aimais bien, mais je ne lui ai jamais laissé penser que je voulais l’épouser.

Kahlan sourit et décida d’abréger la pénible épreuve de son compagnon. Lui passant les bras autour du cou, elle l’embrassa passionnément. Dans un coin de sa tête, elle se souvint de l’énigmatique « ce qu’il y avait jadis entre nous » que Richard avait évoqué devant Nadine. Mais le contact des bras du jeune homme et de ses lèvres contre les siennes chassa très vite cette pensée désagréable.

Hélas, elle en eut une autre – si pénible qu’elle repoussa le Sourcier.

— Et Shota ? demanda-t-elle. Que ferons-nous si elle continue à nous harceler ?

Richard battit des paupières pour revenir à la réalité… et oublier le désir qui l’avait submergé.

— Qu’elle pourrisse dans le royaume des morts, cette harpie !

— À chaque fois, insista Kahlan, il y avait un fond de vérité dans ses machinations. Comme si elle essayait en même temps de nous aider.

— Elle ne nous empêchera pas de nous marier !

— Je sais, pourtant…

— Dès mon retour, nous célébrerons la cérémonie, un point c’est tout ! (Richard sourit, un spectacle qui aurait fait pâlir bien des levers de soleil.) Je veux… dormir… avec toi dans le grand lit dont tu me parles depuis si longtemps.

— Richard, comment nous marier avant d’en avoir terminé ici ? Le territoire du Peuple d’Adobe est très loin d’Aydindril. Oublies-tu que nous avons promis à l’Homme Oiseau, à Weselan, à Savidlin et à tous les autres de nous unir selon les rites de leur… de notre… peuple ? Chandalen m’a protégée sur le chemin d’Aydindril, et je lui dois la vie. Et Weselan, qui a sacrifié pour ma robe un rouleau de tissu qui lui a coûté des années de travail ? Ces hommes et ces femmes nous ont adoptés, et certains ont donné leur vie pour nous ou pour notre cause.

» Ce n’est pas le genre de mariage dont rêvent la plupart des femmes, je le sais. Des gens à demi nus qui dansent autour d’un feu pour implorer les esprits… Une fête qui dure des jours, avec ces étranges tambours et les danseurs qui miment de vieilles légendes… Sans parler du… reste. Pourtant, aucune cérémonie, aussi fastueuse fût-elle, ne sera plus sincère que celle-là…

» Mais pour l’instant, quitter Aydindril est hors de question. Il y a une guerre, et tout dépend de nous.

— Je sais, soupira Richard avant de poser un baiser sur le front de la jeune femme. Je veux aussi que le Peuple d’Adobe nous unisse. Et il en sera ainsi. Et si tu me faisais confiance, pour changer ? Je suis le Sourcier, après tout. Sur cette question, ma réflexion est déjà bien avancée, et… (Il s’interrompit.) Il faut que j’y aille, à présent. Je te laisse le commandement, Mère Inquisitrice. Mais je serai de retour demain, c’est juré !

Kahlan le serra si fort qu’elle en eut mal au bras.

Quand il eut trouvé la force de se détacher d’elle, Richard la regarda dans les yeux.

— Je dois filer… Si la nuit nous surprend dans les cols, il risque d’y avoir des blessés. Kahlan, encore un détail… Si Nadine demande quelque chose, tu peux t’assurer qu’elle l’obtienne ? Ce n’est pas une mauvaise fille, et je ne lui veux pas de mal. Elle ne méritait pas que Shota la manipule ainsi…

Kahlan acquiesça et posa la tête contre la poitrine de Richard pour entendre battre son cœur.

— Merci d’avoir choisi de si superbes vêtements pour m’épouser. Tu es encore plus beau qu’avant. (L’Inquisitrice ferma les yeux et osa aborder le sujet qui lui donnait encore envie de pleurer.) Pourquoi es-tu si resté si calme quand Cara t’a dit ces horreurs ?

— Parce que je sais ce qu’on a fait à ces femmes… Kahlan, j’ai vécu dans leur monde, où régnait la folie. La haine m’aurait détruit, et un pardon sincère m’a sauvé. Je refuse que la haine les détruise, tu comprends ? Quelques mots ne doivent pas saboter ce que je tente de faire… Il faut qu’elles apprennent la confiance. Et pour l’inspirer aux autres, il est souvent indispensable de leur donner d’abord la tienne…

— Je crois que ta tactique a des résultats. Malgré son éclat de tout à l’heure, quand nous étions ensemble, Cara m’a dit quelque chose qui va dans ton sens. (Kahlan sourit.) J’ai cru comprendre que tu apprivoisais des tamias avec Raina et Berdine, aujourd’hui…

— Les tamias sont très sociables… En réalité, je m’attelais à une tâche bien plus délicate : apprivoiser des Mord-Sith. (Richard se rembrunit, comme s’il se replongeait dans de terribles souvenirs.) Si tu les avais vues rire comme des petites filles ! J’en ai eu les larmes aux yeux…

— Et moi qui pensais que tu perdais ton temps à des futilités ! Combien y a-t-il de Mord-Sith au Palais du Peuple, en D’Hara ?

— Des dizaines…

— Tant que ça… (Une idée terrifiante…) Heureusement que les tamias ne sont pas une espèce en voie de disparition !

Richard serra la jeune femme dans ses bras et lui caressa les cheveux.

— Je t’aime, Kahlan Amnell. Merci d’être si compréhensive.

— Je t’aime aussi, Richard Rahl… Mais j’ai peur de Shota. Promets que tu m’épouseras vraiment !

— Je t’aime plus que je ne saurais le dire, fit Richard avec un gentil petit sourire. Il n’y a personne d’autre, je le jure sur mon don ! Tu es la seule que j’aime, que j’ai aimée, et que j’aimerai…

Le cœur de Kahlan s’accéléra, affolé. Ce n’était pas ça qu’elle lui avait demandé de promettre…

— Je dois partir, dit le Sourcier en tournant les talons.

— Mais…

— Quoi ? Je vais finir par être en retard !

Kahlan le chassa d’un revers de la main.

— Alors, file, et reviens-moi vite !

Richard lui souffla un dernier baiser et s’en fut.

Appuyée au mur, l’Inquisitrice le regarda descendre le couloir, puis s’engager dans le suivant. Un cliquetis de cottes de mailles et un roulement de bottes ferrées lui apprirent qu’une horde de gardes venait de lui emboîter le pas.

Le Temple des Vents - Tome 4
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